Le patchwork créatif de Pascal Pinaud chez Maeght et à l’Espace de l’Art Concret

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Deux lieux mythiques  célébrant l’art contemporain sur la Côte d’Azur exposent Pascal Pinaud. Un créateur multi-facette passionnant et séduisant par sa façon singulière de mettre en scène les différents gestes qui peuplent notre société et infléchissent le monde du travail. A la Fondation Maeght on découvre en fait plusieurs expositions. Un parcours foisonnant nous guidant dans les différents mondes de celui qui a choisi de rester à Nice où il enseigne d’ailleurs à la villa Arson.

Pascal Pinaud montre combien la création reste vive dans notre région. Il y a les « Tôles », peintures en laque automobile affichant la froide beauté de monochromes entaillés par des accidents de matière leur donnant personnalité, relief.  Aux antipodes se trouvent les « Diptyques » composés de tissus et de canevas décoratifs. Patchwork saisissant d’une autre production humaine inscrite dans l’inconscient collectif. « Arbre à fèves » avec 20 481 petites pièces figées dans la céramiques, « Feu » de néons bleus,  « Semences » de mines de crayon éclatées sur fond blanc, photographies, dessins, compositions… « Sempervivum » fête une palette d’une infinie richesse.

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« L’art est créateur d’un espace non conventionnel, d’un espace sans cesse en mouvement. A travers les œuvres elles-mêmes, et à travers les relations qui s’instaurent entre les œuvres, l’artiste propose un espace neuf qu’il tente d’habiter et qu’il nous propose de partager… Par les lignes et les couleurs, l’art nous fait oublier les objets aliénés à un usage ou une fonction » . Ces mots d’Olivier Kaeppelin résument  la création multiple de Pascal Pinaud qui, comme le dit encore le directeur de la Fondation Maeght « enchante le monde plutôt que de le désamorcer ». 

A l’Espace de l’Art Concret, les visiteurs sont invités à l’action. « C’est à vous de voir.. » nous dit-on en nous promenant dans un escalier décoré d’assiettes en porcelaine de Delf ou en nous faisant entrer dans un appartement dont chaque pièce est un tableau. Espaces domestiques, devenus par la magie de l’art, œuvres uniques. Pascal Pinaud nous surprend à chaque étape et, s’il « enchante » le monde , il ne cesse également de l’inventer.

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« Sempervivum » jusqu’au 5 mars 2017. Fondation Maeght, Saint-Paul

« C’est à vous de voir » jusqu’au 5 mars 2017. Espace de l’Art Concret. Mouans-Sartoux

Franta en toute intimité chez Bogéna

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Il est des êtres lumineux. Franta est de ceux-là. L’artiste qui a accroché de nouvelles œuvres (superbes) à la Bogéna Galerie s’est livré en toute intimité lors d’une rencontre conviviale. Répondant aux questions sur son évolution, son parcours artistique et ses origines tchèques, il ne s’est toutefois pas départi d’une certaine réserve, l’essentiel, et c’est heureux, se trouvant dans ses tableaux. Des figures profondément signifiantes, puissantes et parfois énigmatiques car elles renvoient à l’humain dans ce qu’il a de plus complexe, périlleux et insondable.

Franta va bientôt exposer dans deux lieux mythiques de Vence, à la fondation Emile Hugues et à la chapelle des Pénitents Blancs. Deux grandes manifestations qui donneront à voir les différentes périodes d’un artiste devenu pleinement azuréen. Ses racines ont toutefois été mises en exergue l’autre soir grâce à la prestation d’un violoniste de l’opéra de Nice invité par Bogéna Gidrol, Marc Sikora qui nous a offert des partitions tziganes. Une soirée qui s’est terminée par l’audition de « La Vitava », le poème symphonique de Bedrich Smetana, véritable ode à la liberté. Un message en parfait accord avec l’univers de Franta.

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Bogéna Galerie. 777 route de la Colle. Saint-Paul

Intermède musical chez Soardi

img_3541Heureux moment de partage et de découverte à l’Espace Soardi qui présente de nouvelles photos d’art, classiques ou surprenantes, iconiques ou insolites. De superbes clichés à savourer ou à offrir avec cette délectation que seule une véritable création peut procurer.

Pour fêter cet accrochage, un « Winter Show » a annoncé le Printemps des Arts de Monte-Carlo et permis d’applaudir deux jeunes musiciens de grand talent, Rachel Koblyakov et Ivan Karizna. Deux petits bijoux au programme, le Duo Sonate pour violon et violoncelle de Maurice Ravel et le Duo pour violon et violoncelle de Zoltan Kodaly.

Une soirée qui mêle les arts et les talents et donne envie à la fois de plonger dans l’univers si riche de la photographie contemporaine et de prendre date pour les soirées magiques du Printemps des Arts de Monte-Carlo.

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Espace Soardi. 6 avenue Desambrois. Nice

Printemps des Arts de Monte-Carlo du 17 mars au 8 avril. printempsdesarts.mc

 

 

 

Regards multiples à Vision future

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Un arbre et ses racines profondes, multiples, tourmentées. Cette œuvre de Miryan Klein peut être placée en exergue de l’exposition organisée par l’UMAM (Union méditerranéenne pour l’art moderne) à Nice, à l’Espace Vision future. Sont rassemblés des artistes représentant la jeune création de la photographie offrant des regards singuliers sur le monde d’aujourd’hui. Qu’il s’agisse avec Rita Saitta de mettre en scène un moment de vie, un départ difficile vers un ailleurs incertain avec bagages et regrets ou de « peindre » une fleur bizarre, un « pissenlit en bouton » figé par Jacques Godard (voir ci-dessous).img_3508

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Cette exposition permet aussi de retrouver un plasticien en constante évolution, qui n’en finit pas de nous surprendre et de nous émerveiller, Gérard Haton-Gauthier qui, avec ce dessin d’une rare puissance, nous invite à entrer dans un théâtre vide où se joue précisément tout l’avenir de l’art contemporain.

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Jeune création de la photographie de la Riviera française. Jusqu’au 30 avril 2017. Espace vision future. 5 rue du Congrés. Nice

John Montague, notre ami poète, n’est plus. L’Irlande et Nice en deuil

IMG_0943.jpgCe Monsieur à l’écharpe grise, discret, familier et convivial comme savent l’être les gens de Dublin, était le plus grand poète irlandais contemporain. Il avait choisi Nice comme deuxième patrie et la cave Romagnan, lieu de vie et d’échanges, comme deuxième maison. Ce soir-là c’était le 14 février et sur ce cliché nous avions voulu le photographier, lui et sa muse Elizabeth, à côté de ce jeune couple d’amoureux. Car l’amour n’a pas d’âge. John et Elisabeth en étaient l’incarnation au quotidien.

C’est dans les jardins de la Fondation Maeght, lieu où nous avions rencontré le couple lors d’un dîner de gala (John ayant illustré par ses mots magiques nombre de publications signés Maeght) que j’ai appris la disparition de notre ami. Lui, l’intime de Beckett, l’humaniste éclairé que nous côtoyions avec tant de joie lors des virées nocturnes, n’est plus. Son petit sourire plein d’humour et de tendresse sur les choses de la vie va beaucoup nous manquer. Nous ne l’oublierons jamais.

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Horizon arc-en-ciel, Nada Duval expose chez Helenbeck

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« La mer. Elle semblait une spectatrice, silencieuse, et même complice. Elle semblait un cadre, un décor, un arrière-plan. Et maintenant je la regarde et je comprends: la mer était tout. Elle a été tout dès le premier instant. Je la vois danser autour de moi, somptueuse dans sa lumière de glace, monstre infini et merveilleux ».

Ces mots de l’auteur italien Alessandro Baricco dans son roman « Océan mer » collent parfaitement, selon moi, à la peinture de Nada Duval qui présente pour la première fois son travail à la galerie Helenbeck, à Nice. Une jeune femme contemplative, souriante, en quête de ses origines méditerranéennes du côté du Liban. Là où les couleurs explosent sous la lumière intense tandis que les sommets se parent de neige. Là où les communautés diverses inscrivent leurs traits dans le paysage religieux. Là où l’arc-en-ciel a pâti des combats de fer.

Peut-être la mémoire inconsciente de cette histoire à la fois riche et bouleversée par les guerres est-elle le ferment d’une peinture vive, lyrique, gaie et pourtant énigmatique. Comme si l’horizon se dérobait sans cesse, repoussait à l’infini les perspectives d’avenir,  refusait un enfermement quelconque.

FullSizeRender.jpgAutre inspiration avec une série plus retenue, nuancée, d’un graphisme délicat. Des compositions fugitives qui pourraient évoquer l’écume des vagues, le ressac et la mer sans cesse recommencée. Il faut rester un certain temps, ne pas se fier à la première impression, revenir sur ses pas, regarder sous un  autre angle, accepter de rêver, de lâcher prise. Cet art ne se livre qu’avec parcimonie, par d’imperceptibles battements de cils. Il faut lever le voile pour entrer dans cet univers sous l’intitulé « Les rêves d’un chat sont peuplés de souris ».

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Jusqu’au 25 février 2017. Nada Duval. Helenbeck Gallery. 6 rue Défly. Nice