Arman au Musée de Vence pour un nouvel état des choses

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A sa façon, mâtinée de poésie et d’idéologie, Arman militait pour l’objet. Cet objet qu’il chérissait, dont il percevait l’esthétique à travers son utilité. IL estimait qu’il devait être chéri, réparé, conservé. C’était son « parti pris des choses » à lui dans le sillage du poète Francis Ponge. Une manière, avant l’heure, de lutter contre les excès de la société d’hyper-consommation et son obsolescence programmée.

La nouvelle exposition que consacre au  maître du Nouveau Réalisme le Musée de Vence met judicieusement en exergue cette philosophie qui, sans dire son nom, a guidé l’artiste plasticien dans ses choix.  « Nouvel état des choses », tel en est l’intitulé. Des « poubelles » aux légendaire « colères » destinées à tailler en pièces salons bourgeois et signes ostentatoires de richesse (à la hache comme à la galerie John Gibson ou à bord d’un bulldozer comme au MAMAC à Nice), des instruments de musique ou meubles calcinés aux accumulations d’ustensiles de cuisine, nous voilà immergés dans l’univers du sculpteur, fils de brocanteur et amoureux fou des outils ou ustensiles de toutes sortes.

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IMG_0653Celui que l’on a qualifié de « blouson noir de l’art contemporain » a célébré aussi un piano détruit, épave d’un naufrage imaginaire. Cet « accord parfait » installé sur le parvis du Musée de Vence est un heureux prélude à la visite de l’exposition. « Incarnant le projet de l’artiste d’une « archéologie du futur » Accord Parfait fait l’éloge suprême du rebut, en transformant des débris en trésor archéologique » dit Jérôme Neutres, commissaire de l’exposition. Dans le même esprit, la série « Atlantis », en référence à l’île mythique disparue, met en scène des pièces en bronze dotées d’une patine spéciale qui leur donne l’aspect d’épaves archéologiques repêchés dans les fonds marins. Une salle, dont l’agencement est particulièrement réussi, célèbre cette étape majeure dans le parcours d’Arman. Et l’on reste songeur devant l’acuité d’un propos qui, avant que chacun n’en soit convaincu, dénonçait dès les années soixante les excès d’une civilisation qui perd son être pour tomber dans l’accumulation des avoirs.

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Jusqu’au 15 décembre. Musée de Vence. 2 place du Frêne