Rose de Chine, nouvelle muse de Quentin Derouet qui expose chez Helenbeck

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« Au sud des nuages », c’est le titre de l’exposition mais aussi la traduction du nom de la province Yunnan, au sud de la Chine, où le peintre Quentin Derouet était en résidence ces temps derniers. Il est de retour avec de nouvelles toiles qu’il présente à la galerie Helenbeck qui suit son travail depuis qu’il a quitté l’école d’art de la villa Arson où il s’était déjà distingué.

Quentin Derouet a pris d’emblée le parti de la rose. La reine des fleurs au symbolisme fort, associée à la vie, à l’amour, à la mort, au pouvoir,  à la suavité, au parfum…. Elle lui inspire des œuvres raffinées. A l’affût des traces les plus prégnantes, de la déliquescence la plus pure, des cendres brunes, des pigments délicats, des pétales les plus juteux, le peintre poète utilise la couleur qui vient de la fleur. Rouge sang elle donne un violet puissant lorsqu’elle est meurtrie. Brûlée, elle laisse des filets bistre…

IMG_4060.jpgQuentin Derouet s’est installé chez le plus grand producteur de roses d’Asie. Il nous revient avec des peintures délicates, étranges, captivantes. Laissons lui la parole. Il a écrit ces mots durant son séjour « Au sud des nuages ».

 » A l’un des autres bouts du monde, au bord d’une autre rivière, les hommes meurent et tombent amoureux aussi. Les roses laissent la même trace sur du papier et elles décorent les mêmes vitrines de mauvais goût. Entre deux éclaircies, il pleut sur mes toiles qui sèchent dehors, le violet se dilue et les roses de demain éclosent… Et toi aujourd’hui, je te brûlerai, te diluerai, te laisserai moisir, je te jetterai à la rivière, te presserai pour recueillir ton jus, je te sèmerai sur des toiles, je t’écraserai et je te libérerai.

J’écrirai avec toi que le soleil se couche et se lève, que les oies marchent dans la boue, que le vent s’engouffre dans les eucalyptus.

Plus que jamais j’ai le sentiment de devoir faire des tâches de rose »

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Jusqu’au 2 juin. Galerie Helenbeck.  6 Rue Defly,  Nice. Tel 04 93 54 22 82

Comment va le monde? Il ne tourne pas rond mais nous prend dans sa ronde, au Théâtre des Déchargeurs

Michel Favreau

Epoustouflant! Un petit corps plutôt fragile, un regard turquoise d’une rare intensité, des mains qui se baladent dans les airs pour scander le désarroi, une voix claire, plutôt douce, percutante pourtant. Voilà un clown au féminin qui nous laisse pantois et… ravis. Marie Thomas incarne au théâtre des Déchargeurs, à Paris, ce personnage sans âge, sans sexe, sans appartenance, sans pays mais avec une grande âme qui nous dit avec un point d’interrogation (qui n’en est pas un) « Comment va le monde ».

Et les mots jouent avec les maux, à moins que ce ne soit l’inverse. Ils s’étirent bizarrement, jouent sur les syllabes, la polysémie, les signifiants. On ne peut pas parler de jeux de mots car cela va beaucoup plus loin. La poésie omniprésente chasse le blues; l’interprétation, magnifique, ne laisse pas une seconde à l’ennui. Le public, captivé, sourit de bonheur sans discontinuer, rit souvent et quitte le théâtre sur un petit nuage pourtant bien gris. Car le monde va mal, on le sait bien. Mais l’art, on le sait aussi, transporte et chasse les idées noires.

Merci à l’auteur Marc Favreau pour sa langue délicate et ciselée, merci au metteur en scène Michel Bruzat et merci à la comédienne Marie Thomas, exceptionnelle.

Jusqu’au 31 mars, du mardi au samedi à 21h30. Théâtre des Déchargeurs, 3 rue des déchargeurs. Paris 1er. Métro Châtelet.

Martin Miguel bétonne ses couleurs chez Depardieu

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On le sait bien, chez Lacan la guérison vient de surcroît. On ne l’attend pas, elle ne constitue pas l’objectif de la cure. Chez l’artiste Martin Miguel on peut dire que les affects interviennent malgré lui. Il n’en veut pas. Il travaille d’arrache pied en suivant des procédures élaborées, bien précises, loin des hasards de l’inconscient. Ce déconstructeur de la peinture de chevalet, cet inventeur de nouveaux supports, inverse les processus. Il ne s’agit pas de mettre de la couleur sur une toile, un mur, des pierres ou des morceaux de bois mais d’utiliser la couleur d’abord, d’en sortir une forme par décrochement ou effondrement de la matière.

IMG_4011Martin Miguel présente à la galerie Depardieu, à Nice, ses « cordeaux espiègles ». Des structures de béton armé devenues par la magie d’une opération qui nous dépasse des œuvres captivantes. On ne sait par quel bout les prendre, quoi en penser, quoi dire de l’esthétique qui nous ébranle pourtant. Le beau ici aussi vient de surcroît, là même où l’on ne le souhaite pas, l’artiste étant bien conscient de la relativité de cette notion mais s’il s’agit d’une facétie on applaudit pourtant car le regard est captif. Il devient difficile de se détourner de ces ciments enrichis de copeaux de bois, pigments vifs et huile de lin lascive. Cordeaux espiègles certes mais que l’on a envie d’emporter avec soi.

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« Cordeaux espiègles » de Martin Miguel. Jusqu’au 24 mars . Galerie Depardieu. 6 rue du Dr Guidoni. Nice  www.galerie-depardieu.com

 

Max Charvolen investit l’espace de la galerie Ceysson § Bénétière à Paris

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Un choc. La galerie Ceysson et Bénétière, au cœur de Paris, non loin de Beaubourg, présente un nouveau visage. Max Chavolen investit l’espace immaculé pour construire ses chimères. il habille les murs de morceaux de toiles colorées créant une vision à mi-chemin entre peinture et architecture.

Charvolen a toujours taquiné l’espace, exploré la plasticité de nouveaux matériaux, tiré parti de la flexibilité des tissus. Son travail chemine avec un questionnement sur le volume, la surface, le bâti, l’environnement. Il s’agit en quelque sorte de s’interroger sur le monde tel qu’on l’habite et de révéler un autre regard.  On a pu qualifier l’artiste de « passeur ». En effet, le résultat esthétique (ici bluffant) ne constitue pas l’objectif principal. il s’agit plutôt, comme l’écrit le psychanalyste Hervé Castanet de « poser, comme enjeu mental, une réflexion sur les conditions matérielles de l’acte de peinture« .

Libérée en quelque sorte de son support traditionnel, l’œuvre se déploie de façon inattendue et transforme les lieux qu’elle habite. L’exposition parisienne présente des travaux de différentes périodes mais le point de convergence reste cette façon si particulière d’intervenir (Max Charvolen fit partie du groupe INterVention) pour faire apparaître une réalité nouvelle un peu comme le faisaient il n’y a pas si longtemps les photographes après avoir plongé les images dans un révélateur.

Un petit tour s’impose dans cette galerie parisienne qui met en valeur un travail passionnant à l’écart des modes et des compromis.

Jusqu’au 17 mars. Galerie Ceysson § Bénétière. 23 rue du Renard. Paris 4e

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