Le monde selon Amy Sherald chez Hauser & Wirth, à Monaco

Notre époque en grands formats. Le monde tel qu’il va, tel qu’il doit être, tel qu’on le construit ou tel qu’on le pressent. Pour la première fois en Europe on peut admirer les oeuvres d’ Amy Sherald, l’une des artistes portraitistes les plus célèbres des Etats-Unis dont la carrière a été marquée par le portrait de Michelle Obama réalisé en 2018. La première dame des Etats-Unis dans une robe aux lignes géométriques évoquant Mondrian, belle et rassurante dans une pose non académique. Le tableau n’est pas seulement beau. Il s’inscrit dans le contexte social et politique.

C’est ainsi que s’impose l’art d’Amy Sherald dont un ensemble de travaux d’une pureté et d’une puissance rares sont accrochés aux cimaises immaculées de la superbe galerie Hauser & Wirth dans le carré d’or de Monte-Carlo. Des œuvres qui sont empruntées à de grands musées comme cette image d’un garçon prêt à s’élancer sur un  toboggan. Il regarde au loin, confiant, sûr de lui, prêt pour l’avenir.

La communauté afro américaine est omniprésente dans ces portraits qui s’imposent comme de véritables paysages évoquant les vastes espaces d’une réflexion sur le thème « The World We Make ». Des visages qu’on a l’impression de toucher du regard tant leur présence est forte. Des portraits dont émanent de nombreuses références à l’histoire de l’art. On songe à une photographie qui fit le tour du monde en 1945 lors de la victoire contre les nazis. Ce célèbre baiser pris sur le vif par le photographe Alfred Eisenstaedt au milieu de la foule de Times Square à New York devient chez Amy Sherald peinture d’un couple homosexuel qui se détache dans un bleu céleste d’une facture hyperréaliste. Une façon de replacer dans l’époque une image iconique et de clamer le droit d’aimer pour tous. 

Devant chaque peinture se ressent un appel à voir autrement. Le corps ne sont pas noirs. Ils affichent des nuances de gris douces et lumineuses. Les yeux semblent vides et pourtant nous fixent avec une intensité foudroyante. Car le monde que l’on construit exige d’abord et souvent un déplacement du regard.

Amy Sherald. The World We Make. Hauser & Wirth Monaco. One Monte-Carlo. 1 place du Casino. Monaco. Jusqu’au 15 avril