Benoit Lemercier au château Sainte-Roseline

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Comme chaque année le château Sainte Roseline, célèbre domaine viticole varois, accueille la sculpture contemporaine. Un écrin magique pour des œuvres monumentales qui jouent une partition en noir et blanc sur les vieilles pierres et les arbres séculaires. Benoit Lemercier propose une vision artistique des mystères du monde qui nous entoure. S’appuyant sur différentes théories scientifiques, il nous invite à un voyage esthétique au cœur de la matière. L’infiniment grand et l’infiniment petit se rejoignent ici dans deux séries d’œuvres Hypercube et Supercordes. Des lignes et des volutes en parfaite harmonie avec l’esprit des lieux.

FullSizeRenderJusqu’au 16 octobre. Château Sainte Roseline. Les Arcs sur Argens
http://www.sainte-roseline.com

Avignon off: quelques petites perles

IMG_2401Le « in » baisse le rideau mais le « off » continue jusqu’à la fin du mois. Voici quelques spectacles que je recommande, dénichés dans la jungle de ce festival unique en son genre.

« La religieuse » de Diderot par le Collectif 8. On retrouve avec bonheur Gaële Boghossian aux côtés de Noémie Bianco. Deux comédiennes diablement inspirées, dirigées par l’excellent Paulo Correia. Le bonheur d’un grand texte savamment projeté dans le décor.

Théâtre du Chêne noir. 13h15

« Fabrice Lucchini et moi » d’Olivier Sauton. Une fable magnifique sur la découverte des textes, des mots, de la culture. Leçons de théâtre ou leçons de vie, comme on voudra, par un comédien magnifique.

Théâtre du Rempart. 10h10

« Finetuning » de Dusan Hégli. Accord parfait en effet entre musique et danse, tradition et invention, culture et modernité. Un spectacle total qui nous transporte au cœur de l’Europe de l’Est avec des danseurs merveilleux et des musiciens de haut vol. Voyage, voyage…

Espace Alya. 22h15

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Et mon petit doigt m’a dit… le plus grand bien de:

« Paradoxal » de Marien Tillet. Manufacture, 14h40

« Iliade » de Pauline Bayle. Manufacture, 21h20

« Le dernier baiser de Mozart » d’Alain Teulié. Théâtre Actuel, 19h05

« Les bâtisseurs d’Empire » de Boris Vian par une compagnie turque. Tremplin, 14h.

« Adieu  Monsieur Haffman » de Jean-Philippe Daguerre. Théâtre Actuel, 17h20.

« Créanciers » de Strindberg. Théâtre Le Cabestan, 12h.

« Noces de feu »  de Caroline de Diesbach. Théâtre du Petit chien, 22h30.

Et souvenez-vous! Les saltimbanques nous font rêver, espérer, vibrer. Bref, ils nous font vivre. Aidons les à exister!

 

 

 

 

 

Errance avignonnaise, parfois j’aime le silence

ESPÆCE -

ESPÆCE – Conception, scénographie et mise en scène : Aurélien BORY –  Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Il y a des jours où j’aime le silence. Cette idée ne m’a pas quittée lors des quelques jours passés à Avignon pour tenter de retrouver espoir après la tragédie de Nice. Pour me ressourcer grâce à la beauté, l’intelligence et la création. Pour me réconcilier avec l’existence sinon avec l’humanité. Pourquoi l’éloge du silence? Parce que les deux spectacles qui ont eu cette vertu de me porter, m’éblouir, m’étonner sont totalement silencieux alors que la première plongée dans le « in » fut pour moi une noyade dans un océan de bêtise, de laideur, de mauvais goût. Je veux clouer ici au pilori « La dictature du cool » du chilien Marco Layera. Une fresque clinquante bavarde, méchante et volontairement minable. Ce spectacle mortifère ne mérite pas que l’on s’y attarde. Je le nomme simplement pour inciter les amoureux du spectacle vivant à passer leur chemin s’ils le découvrent à l’affiche.

En revanche si vous avez la chance d’être encore à Avignon pour la fin du festival courrez au théâtre Opéra Grand Avignon pour « Espaece »d’Aurélien Bory. Nouveau, raffiné, ludique, incroyablement inventif. Une pièce d’orfèvrerie qui célèbre cet acte insensé qui consiste à noircir des pages. « Ecrire, dit-elle »… Non, il ne s’agit pas ici de Marguerite Duras mais de Georges Perec qui inscrit dans le décor, sur les murs, sur l’écran de notre imaginaire des mots comme « écrire, « cri » « erre ». Tout est errance ici. Errance de la pensée qui se cherche, qui doute, qui toujours reste vive. Errance de l’être dans une bibliothèque étrange où l’on se déplace en dansant, où l’on se contorsionne pour mieux manger les livres. Un puzzle en mouvement comme doit l’être le théâtre, sans cesse recommencé, aux prises avec le doute et l’incertitude. Un vrai bijou.

HET LAND NOD -

HET LAND NOD – LE PAYS DE NOD – Mise en scène : FC BERGMAN – Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Autre moment de grâce, « Le pays de Nod » du flamand FC Bergman. Le public est immergé dans la grande salle du musée des Beaux-Arts d’Anvers privée de ses chefs d’œuvre pour cause de restauration. Un seul tableau résiste. Il est trop grand pour passer la porte. Ici encore il s’agit d’un spectacle totalement silencieux si l’on excepte les bombardements qui font sursauter les spectateurs. Pas de discours. Une errance chorégraphique dans un temple de la culture qui finira par s’écrouler. Magnifique. !

Enfin, on attendait le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui pour « Babel 7.16 » dans la Cour d’honneur du Palais des papes. De somptueuses vagues de corps qui glissent doucement sur le sol, des images superbes composées par des personnages devenant sculptures, un décor architectural mais, hélas, des mots. Des mots, toujours des mots, pour distiller des bribes idéologiques, pour asséner des vérités très relatives, pour se faire plaisir. Au grand dam des spectateurs las de ce verbe douteux qui, lui, ne doute de rien.

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Adieu Monsieur Wiesel

Je me souviens d’une silhouette frêle, d’un sourire discret, d’un œil lumineux. Je me souviens d’un homme d’une grande simplicité, venu visiter la communauté juive de Nice, d’un être presque chétif. Je me souviens d’un géant.

Elie Wiesel, lui qui mieux que personne savait l’innommable, me pardonnera de ne pas trouver les mots pour dire mon admiration, mon affection et ma profonde tristesse d’apprendre qu’il a quitté notre monde. Il savait et il savait que personne ne peut savoir sans y être allé. Là-bas, dans « la nuit » devenue le titre d’un de ses ouvrages majeurs. Il savait qu’il ne pourrait plus jamais vraiment vivre, qu’une partie de lui s’était évanouie dans le petit matin blême qui vit partir en cendres son père, sa mère, sa sœur. Il vécut pourtant, comme il put, écrivit des livres, enseigna la philosophie, reçut le Prix Nobel de la Paix, refusa la présidence de l’état d’Israël, estimant qu’il était seulement un écrivain.

Il disparaît physiquement mais sa parole, au sens de Lévinas, une parole singulière, unique, vivante, restera pour toujours. Le corps n’est pas éternel mais l’idée de l’âme l’est. Le cerveau sera enterré mais la mémoire lui survivra «  écrit-il dans « Cœur ouvert ». La Mémoire, Elie Wiesel, fut son dévoué serviteur jusqu’au bout. A sa suite cette Mémoire sera préservée, honorée, vivante. Telle est la promesse des survivants.

Un été minimal et optimal chez Helenbeck

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Qu’y a-t-il de commun entre un dessin de Sol Lewitt qui trace à la gouache des « Horizontal Brushstrokes », coups de pinceau graphiques pour une esquisse conceptuelle et une nature morte de Paul Lelong, peintre français du 19e siècle qui présente selon une savante mise en scène quelques objets dérisoires du quotidien? Rien sinon peut-être une certaine idée de l’acte créatif. Une économie de moyens au profit d’une éthique minimaliste.

Un été minimal, c’est le choix de la galerie Helenbek qui rassemble à cette occasion des artistes qu’apparemment rien ne lie. « Jeux de temporalité, jeux de simplicité. Anachronismes et rapprochements » selon les mots de la commissaire d’exposition Camille Frasca. On découvre un superbe Pascal Pinaud, une photographie contrecollée sur aluminium qui dégouline d’une tapisserie créée par Quentin Dérouet par la seule magie d’une rose écrasée . Empreintes d’un violet délicat pour un écrin qui oscille entre le sobre et le kitsch.  Un dessin sur tissu de Sonia Delaunay, une « poubelle » signée Arman, un portrait d’une simplicité radicale de Vasarely, une pièce « Art » de Ben, des tableaux froissures de Jean Von Juger, quelques traits avares de formes de Chicco Beiso et des toiles éclatantes de Nada Duval complètent cette proposition artistique inventive et séduisante.

 « Estival minimal » jusqu’au 10 septembre. Galerie Helenbeck. 6 rue Defly. Nice. Tel 04.93.54.22.82  chantal@helenbeck.fr

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