Sauvez le Musée des tissus de Lyon!

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Attention! Patrimoine gravement menacé! Le Musée des tissus de Lyon, témoin élégant, riche, spacieux, unique, du savoir faire et du goût français risque de devenir la victime de l’indifférence ambiante face au diamant  le plus précieux d’une société, sa culture.

Aujourd’hui situé dans un hôtel particulier en plein coeur de la ville, le musée renferme 4.500 ans d’histoire textile, de la tunique en lin de 2150 avant Jésus Christ aux derniers tissus composites qui servent à alléger les avions de XXIe siècle.

Le visiteur vogue parmi les fleurs et plumes de paon qui ornaient les meubles de la chambre de Marie-Antoinette, découvre des robes Empire somptueusement brodées, des satins, soieries, velours, organzas, crêpes de Chine… Autant de merveilles constituant la plus étonnante collection de tissus au monde.

FullSizeRender.jpgOr de basses considérations financières risquent de sonner le glas de cette merveille étroitement liée à l’histoire de la ville. La Chambre de commerce et d’industrie de Lyon ne veut plus mettre la main à la poche, la mairie est également aux prises avec des difficultés de budget. Seule la Région semble vouloir contribuer à cette opération de sauvetage qui mobilise largement les citoyens français et les amateurs d’art du monde entier au travers d’une pétition déjà signée par près de 100 000 personnes. Le Préfet, de son côté, cherche des solutions du côté de l’Etat. Souhaitons qu’une issue favorable puisse être trouvée car il en va d’une certaine conception de l’histoire, de la culture et par là même de la vie que nous souhaitons offrir à nos enfants.

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Musée des tissus.  34 Rue de la Charité, 69002 Lyon

La foule, l’arbre et le papillon selon Miryan Klein, à Marseille

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IMG_3262.JPGMiryan Klein est une fabuliste de la couleur. Entre mer et champs, entre Nice et le fin fond de la campagne normande, elle vogue sur différents fleuves de la création. A l’écoute d’un arbre dont elle suit les métamorphoses selon les saisons, fascinée par le vol éphémère de papillons qui signent l’humeur des jours, perdue dans ses pensées alors qu’elle arpente la forêt entourant son manoir. Une artiste mais aussi une femme profondément humaine, désireuse d’épingler l’intolérance, la bêtise, le racisme. Sans ostentation, sans discours didactique, par la seule force d’une expression originale qui l’a propulsée dans les plus prestigieuses collections d’art contemporain.  Cicatrisant ses peintures et ses photos de résine et de papier bulle afin de souligner la fragilité de la nature, utilisant la fibre optique, le néon ou la vidéo pour donner naissance à des créations monumentales, Miryan Klein n’en finit plus de nous surprendre.

FullSizeRenderDans le cadre des expositions marquant le 70e anniversaire de l’UMAM (Union méditerranéenne pour l’art moderne), Miryan Klein a investi le Pullman Beach à Marseille. Un accrochage vraiment réussi, chaque oeuvre donnant l’impression d’avoir été conçue in situ pour les vastes salons de l’hôtel.

D’autres artistes, Sébastien Zanello, Francis Guerrier, Félix Valdelievre, Hervé Nys et Yions, à l’initiative de Simone Dibo-Cohen, commissaire de l’exposition, présentent également installations, sculptures et dessins dans les salles et jardins du Pullman. A découvrir sans plus attendre.

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Jusqu’au 31 mai. Hôtel Pullman Marseille Palm Beach. 200 Corniche J.F. Kennedy.

La magie des pierres au MAMAC à Nice

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« Les minéraux sont les étoiles du monde inférieur ». Ainsi parlait l’alchimiste Paracelse au 15 siècle. Les artistes, dont la vocation est précisément de nous mettre des étoiles plein les yeux, se plaisent à se colleter à la froideur, à la rugosité, à la dureté, à la beauté des roches et gemmes. Le MAMAC (Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain) de Nice a choisi de rassembler un certain nombre de plasticiens autour du thème « Le précieux pouvoir des pierres ».

Certains s’attachent à la simplicité des minéraux, les mettent en scène dans le respect, la sobriété et une certaine retenue. Pour d’autres, à l’inverse, les pierres donnent prétexte à un discours sur la pérennité ou l’impertinence des choses, sur la relativité de l’existence et l’idée de l’infini. Un périple passionnant à la découverte de cette fascination très particulière qu’exercent sur nous les joyaux de la terre, a fortiori lorsqu’ils sont habillés par l’inventivité de créateurs de beauté.

Jusqu’au 15 mai. « le précieux pouvoir des pierres ». Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice. Place Yves Klein http://www.mamac-nice.org

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Moussa Sarr décolle à la galerie de la Marine

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Il est jeune, il est beau, et sacrément vivant. Moussa Sarr choisit l’autodérision pour mettre en scène son inventivité. Ce plasticien d’origine sénégalaise a grandi en Corse, étudié aux Beaux-Arts de Toulon et expose aujourd’hui à la galerie de la Marine, à Nice. Armé d’un certain toupet et d’une souplesse de corps et d’esprit lui permettant d’effectuer les contorsions les plus inattendues, il s’empare des clichés et préjugés les plus absurdes, les fait exploser dans ses œuvres pour mieux les piétiner.

Un pari scabreux qui fonctionne. On reste atterré devant certaines vidéos et pourtant attiré malgré soi. Force magnétique de l’originalité, du culot et de la réalisation, parfaite. Qu’il mime un singe en rut (l’orgasme du singe), un étalon qui piaffe (l’étalon noir) ou le combat absurde entre une grenouille et un scorpion (The frog and the scorpion), il joue, non sur les mots, mais sur les mouvements et les cris pour dénoncer la bêtise, le racisme et les généralités, sans jamais mettre les points sur les i.

Ses photographies de la série « I’m afraid » sont également saisissantes. Elles renvoient à nos propres peurs tandis qu’un étrange objet, un tapis de prière en laine relié à quatre petits moteurs prend son envol. Clou de l’exposition, ce premier tapis volant du monde fait lien entre orient et occident. Et surtout il permet de décoller. « Fuir! là-bas fuir! » comme le disait le poète Mallarmé car trop souvent « Ici-bas a odeur de cuisine ».

« Corpus Delecti » Moussa Sarr. Jusqu’au 3 avril. Galerie de la Marine. 59 quai des Etats-Unis. http://www.nice.fr

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Sonia Boyce joue la musique des corps à la villa Arson

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Les situations priment sur la représentation. Et l’improvisation indique la direction. C’est même la seule façon de diriger qu’a choisi Sonia Boyce en s’installant à Nice, à la villa Arson pour travailler avec les étudiants de l’école d’arts plastiques. Toutes les séances ont été filmées et l’on peut découvrir dans la galerie carrée le fruit de cette collaboration libre, cocktail vitaminé de sons, mouvements chorégraphiés, gestes impulsifs et poses alanguies.

Il s’agit de faire lien entre le jazz-scat, ce style vocal qui prit naissance dans les plantations et bouscula l’organisation sociale en privilégiant la valeur rythmique et phonétique des syllabes, et l’héritage du mouvement avant-gardiste Dada, centenaire lui aussi. Un vaste papier peint, neuf vidéos et des dessins rendent compte de cette confrontation entre les acquis historiques et la vitalité des jeunes plasticiens. Une autre façon d’écrire l’histoire de l’art.

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L’espace est occupé par des corps qui, tels des plantes, semblent pousser sur les dalles grises de la villa Arson. L’émergence d’une vie toute neuve qui se cherche, dort ou glisse sur le béton. Dans une vidéo se succèdent les images d’une intersubjectivité en danger. Les corps tels des mannequins sont poussés, repoussés, ballottés, rejetés. Une drôle de danse rythmée, lancinante comme un trille de notes répétitives. Chez Sonia Boyce le jeu incessant entre sons, mouvements et postures signe des performances inédites dont rendent compte les installations de cette exposition captivante.

« Paper Tiger Whisky Soap Theatre (Dada Nice) ». Jusqu’au 30 avril. Villa Arson. 20 avenue Stephen Liégeard. Nice http://www.villa-arson.org

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