En ces temps troubles la galerie Depardieu, à Nice, nous offre une plongée dans la limpidité des « Eaux vives » immortalisées par l’objectif de Jacques Renoir. Au delà du regard, c’est bien dans cet espace indécis, fluctuant et infiniment complexe que le photographe a choisi d’embarquer le visiteur. Moi qui pratique au quotidien la contemplation de la mer, je perçois ici le jeu de l’instant capturé par l’intention, le viol du mouvement arrêté dans son envol. Un exercice subtil non étranger à la pratique cinématographique de l’artiste.
Les images fascinent, interrogent et nous portent vers une réflexion sur l’apparente fixité des choses, sur la nécessité vitale de changer de point de vue. Eloge du doute qui s’ignore sous la poésie des goulettes en suspension? C’est ce que je vois, mais chacun trouvera sa vérité face à ces images qui permettent de voyager sur place et de rêver un peu. Exposition précieuse qui célèbre à sa façon ce que le « confinement » a apporté de plus vivifiant à ceux qui ont choisi de le vivre dehors. Face à des eaux tantôt déchaînées tantôt étonnamment calmes. Epargnées par le brouhaha et l’encre des moteurs. A la disposition du regardeur même si celui-ci n’a pas le génie inspiré d’aller, comme le fait si bien Jacques Renoir, au-delà des apparences…


JUSQU’AU 23 JANVIER. GALERIE DEPARDIEU. 6 RUE DU DOCTEUR GUIDONI. NICE