Movimenta, élan vital vers les arts visuels, s’expose au Windsor

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Dieu que ça fait du bien! Un festival pour célébrer la vie, la culture, la transversalité, les enthousiasmes juvéniles, les expertises adultes, la volonté d’aller de l’avant, de bousculer les barrières… Movimenta c’est tout cela car le mouvement s’impose comme l’essentiel, le ferment des idées neuves. Et ça brille comme une promesse. Normal c’est l’ECLAT qui organise (Lieu d’Expériences pour le Cinéma, les Lettres, Arts et technologies, L’ECLAT assure une circulation entre la diffusion, la formation et la création dans le domaine des arts visuels et sonores).

Le Festival MOVIMENTA donne l’occasion à la jeunesse d’expérimenter l’image en mouvement à travers de nombreux ateliers de pratique, des rencontres et des projections. Point d’orgue de cette manifestation nouvelle, l’exposition « Camera Camera » à l’hôtel Windsor, à Nice. Un établissement unique en son genre où chaque chambre a été décorée par un artiste contemporain qui a ainsi inscrit sa marque in situ. Cette fois ce sont des vidéos qui ont permis de donner un nouvel essor à cet hôtel devenu une plateforme d’expérimentation pour la création contemporaine.

Parmi les nombreux artistes ici exposés, Nemanja Nikolic qui présente son « Double noir », un homme poursuivi par son double. Les séquences de dessins sont inspirées des films noirs d’Humphrey Bogart. Le résultat est époustouflant. Le dessin, au départ réalisé à la craie blanche sur tableau noir, s’anime et devient écriture, une « cinema-graphia » donnant un nouveau récit. Humphrey Bogart, devenu un mythe, reprend ainsi vie dans la chambre » Venise » du Windsor. Tout un symbole.

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Autre univers insolite avec Camille Llobet qui a filmé des athlètes adeptes de sports extrêmes retraçant par des gestes amples leurs parcours singuliers. Etrange chorégraphie de la pensée filmée dans un espace vide et glacial afin que toute l’attention se porte sur les gestes correspondant à un entraînement mental aussi complexe que mystérieux.

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Deux exemples choisis dans une pléiade de plasticiens qui tous induisent une nouvelle façon de penser le cinéma. Et dans l’escalier de l’hôtel le plafond nous rappelle que tout bouge ici et que l’illusion colle à la réalité des choses. Entre la vie et l’art l’écart de langage tient à une virgule mais celle-ci fait toute la différence et abolit la monotonie.

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« Politiquement correct » à Anthéa, le cœur et la raison à la sauce 21e

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Spectacle réjouissant sur l’immense plateau d’Anthéa avec une comédie douce amère sur les mœurs d’aujourd’hui ou plutôt sur l’envahissement de la chose politique dans la sphère privée. Conter le guilledou n’a plus cours sans un examen de conscience préalable. On peut le regretter par nostalgie d’une certaine futilité ou applaudir au nom d’une salutaire prise de conscience citoyenne. Chacun à sa guise…

Toujours est-il que les comédiens servent un texte trempé dans l’actualité récente sans pour autant devenir didactique jusqu’à l’ennui. Certains mots sont assez percutants pour qu’on sursaute sur son fauteuil mais de bout en bout la bouffée d’oxygène qui signe un amour tout neuf chasse les démons. C’est la réussite de ce spectacle qui dit des choses importantes sans prêchiprêcha. Et, au bout du compte, on s’interroge sur les ferments du sentiment amoureux. Avec, cela va sans dire, l’impossibilité de répondre car les palpitations du cœur et de la chair n’obéissent à aucun diktat fût-il idéologique. On le savait depuis « Carmen ». Mais la modernité croit pouvoir faire fi de tout ce qui la dépasse. C’est une erreur et cette pièce fort bien jouée nous le montre à sa façon.

Seul bémol, la salle est un peu vaste pour ce spectacle finalement assez intime. Mais l’affluence et l’enthousiasme des spectateurs montrent qu’il fallait prévoir grand.

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Aujourd’hui, mercredi 22 novembre à 20h30. Texte et mise en scène Salomé Lelouch, avec Thibault de Montalembert, Rachel Arditi, Ludivine de Chastenet, Bertrand Combe, Arnaud Pfeiffer.

antipolis théâtre d’antibes. 260, avenue Jules Grec, Antibes. Tel 04 83 76 13 00

 

 

 

 

 

 

 

Azerty et les mots perdus ou l’envolée fulgurante de la langue française au TNN

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Un pur régal. Pour une fois les jeunes spectateurs ne sont pas considérés comme de gentils petits naïfs prêts à gober tout et n’importe quoi pour peu que les farces, les paillettes et les jeux colorés y soient. Non, la compagnie B.A.L. leur a servi un mets de choix au Théâtre de Nice. Un spectacle fascinant pour tous puisque l’héroïne incontestée en est la langue française.

Cette grande dame, la pauvre, a été bien malmenée ces temps derniers tant et si bien que ses petits protégés, les mots, ont subi les pires outrages. On les a galvaudés, bassement asservis aux annonces publicitaires, textotés n’importe comment, mal orthographiés, tordus dans tous les sens jusqu’à devenir l’ombre d’eux-mêmes. Pire, on les a trop souvent oubliés et finalement perdus. Alors Azerty, l’auteure traque les vocables avec l’actrice Zoémie. Elles rencontrent le Grand Dictionnaire qui tremble de devenir un P’tit Dico. Il leur parle des mots qui disparaissent, comme “emberlucoquer”, “abscons” ou “didascalie”. Et les jeunes spectateurs sont invités, eux aussi, à donner vie à un mot, n’importe lequel, pour découvrir combien la langue est riche et jolie. C’est alors qu’après les très attendus « bonbon », « chocolat », « saucisse » ou « école » une petite fille de cinq ans a choisi son mot en criant « amour ». Prions pour qu’elle soit entendue et  qu’avec Thierry Vincent, le merveilleux artisan de l’affaire, chacun tombe amoureux de la langue française.  Bravo!Azerty_©ClaudeValenti_03

Céramique baroque à Menton: Alberghina, le magicien ose

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Drôle de balade au Musée Cocteau, à Menton. On entre dans une galerie de portraits plus proches des squelettes que des incarnations. Marc Alberghina, couronné par le prix Biennale de l’UMAM, révèle ici quelques facettes de son immense talent de céramiste. Tel un magicien du feu il crée des œuvres d’une incroyable technicité, parvenant à donner à la faïence émaillée une vie brillante, expressive, raffinée, riche de lustres et de détails multiples.

Cet artiste qui prit son envol à Vallauris livre ici une méditation sur la disparition, l’effacement, le deuil. Car Des ateliers prestigieux de la ville rendue célèbre par Picasso il ne reste, en dépit d’une biennale de haut vol, que des vestiges souvent nostalgiques. La pièce « Auto-combustion » donne à voir les restes d’un corps brûlé, ceci dans un poste de télévision qui incarne la destruction progressive des esprits à grand renfort d’images publicitaires (photo ci-dessus).

Plus récente, la pièce centrale de l’exposition, « Les Saint-Patrons » revisite les sculptures baroques d’Outre-Rhin. Chaque monastère laissait libre cours à l’imagination des religieux qui recouvraient d’ornements et pierreries les squelettes des martyrs locaux. Marc Alberghina utilise ici des éléments récupérés dans des ateliers disparus parmi lesquels des émaux aujourd’hui interdits du fait de leur nocivité et laisse parler son inventivité.

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Quant à l’origine du monde, elle est ici symbolisée par « La mère » qui est aussi l’appellation du moule maître des potiers. Cet immense utérus mauve capte le regard, agit un peu comme un aimant . On retrouve ici l’obsession du travail qui puise dans l’élément vivant de l’argile une infinie déclinaison d’objets hétéroclites. Le feu, loin de détruire, crée les formes, sert la création vive, ouvre l’horizon de tous les possibles.

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Jusqu’au 20 novembre. Marc Alberghina. Musée Jean Cocteau, 2 quai de Monléon. Menton