Il est jeune, il est beau, et sacrément vivant. Moussa Sarr choisit l’autodérision pour mettre en scène son inventivité. Ce plasticien d’origine sénégalaise a grandi en Corse, étudié aux Beaux-Arts de Toulon et expose aujourd’hui à la galerie de la Marine, à Nice. Armé d’un certain toupet et d’une souplesse de corps et d’esprit lui permettant d’effectuer les contorsions les plus inattendues, il s’empare des clichés et préjugés les plus absurdes, les fait exploser dans ses œuvres pour mieux les piétiner.
Un pari scabreux qui fonctionne. On reste atterré devant certaines vidéos et pourtant attiré malgré soi. Force magnétique de l’originalité, du culot et de la réalisation, parfaite. Qu’il mime un singe en rut (l’orgasme du singe), un étalon qui piaffe (l’étalon noir) ou le combat absurde entre une grenouille et un scorpion (The frog and the scorpion), il joue, non sur les mots, mais sur les mouvements et les cris pour dénoncer la bêtise, le racisme et les généralités, sans jamais mettre les points sur les i.
Ses photographies de la série « I’m afraid » sont également saisissantes. Elles renvoient à nos propres peurs tandis qu’un étrange objet, un tapis de prière en laine relié à quatre petits moteurs prend son envol. Clou de l’exposition, ce premier tapis volant du monde fait lien entre orient et occident. Et surtout il permet de décoller. « Fuir! là-bas fuir! » comme le disait le poète Mallarmé car trop souvent « Ici-bas a odeur de cuisine ».
« Corpus Delecti » Moussa Sarr. Jusqu’au 3 avril. Galerie de la Marine. 59 quai des Etats-Unis. http://www.nice.fr