Frédérique Nalbandian chez Cocteau

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Des œuvres étonnantes dialoguent désormais avec les peintures, dessins, tapisseries, poèmes et films de Jean Cocteau. En son musée de Menton où le touche-à-tout de génie nous offre un riche panorama de son univers foisonnant, une jeune artiste expose sa vision du monde. Frédérique Nalbandian s’est attaquée, avec élégance et retenue, à une matière dense et fragile, source de toutes sortes d’imprévus et facéties, changeante, onirique, éphémère… le savon. Et ses pièces jouent leur vie sous nos yeux, évoluant au fil des heures lorsque des gouttes d’eau viennent contrarier leur plastique. Telle cette oreille qui, selon l’angle de vue, peut devenir visage doté d’yeux et d’une bouche (photo ci-dessus).

« Inquiétude de l’eau: sensible au moindre changement de la déclivité. Sautant les escaliers les deux pieds à la fois. Joueuse, puérile d’obéissance, revenant tout de suite lorsqu’on la rappelle en changeant la pente de ce côté-ci ». Ainsi parle le poète Francis Ponge auquel se réfère volontiers Frédérique Nalbandian.

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Nous voyons combien l’eau peut en effet bousculer cette « Traversée » où des mains s’agitent comme pour rester unies. (Photo ci-dessus). Comme l’écrit Françoise Leonelli, conservatrice du Musée Cocteau .« Oscillant entre la gracilité de la ligne et la masse impressionnante de ses sculptures de savon, un jeu s’installe entre ces échanges de stabilité et de légèreté, entre pérennité et éphémère. Il y a donc un dialogue de matières, auquel vient ici s’ajouter une imprégnation des sens ». C’est là toute l’ambiguité d’un travail artistique qui se prête à des variations multiples sur le thème du temps qui passe. Allusives sont les œuvres de Frédérique Nalbandian et puissant l’effet produit. A telle enseigne que l’on resterait volontiers des journées entières à regarder les formes évoluer, se dissoudre, s’allonger, brouiller les pistes à mesure que l’eau se mêle au savon.

Le plâtre, le verre, la faïence ou le bronze donnent naissance à des pièces plus figées. Mais toujours une sorte d’incertitude semble entourer ces créations prêtes à suivre les changements d’états d’âme de l’artiste. Dans une sorte d’envolée anxieuse à la Cocteau…

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Frédérique Nalbandian « De aquis confusis ». Jusqu’au 13 mars 2017. Musée Jean Cocteau. Collection Séverin Wunderman. 3 quai de Monléon. Menton

 

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