Christo chez Maeght: Liberté, j’écris ton nom…

Christo - FM - 05.jpgSur la mer ou dans le sable, au-dessus des rivières ou sur les ponts, dans l’espace et la lumière, partout et nulle part c’est à dire dans l’immensité de tous les possibles, il écrit son nom. Christo a fait de la liberté son emblème, sa marque de fabrique, son aura.

Après avoir empaqueté le Pont-neuf à Paris ou le Reichstag à Berlin, après avoir promené 1340 parasols bleus à Ibaraki au Japon et 1760 parasols jaunes en Californie, après avoir entouré de tissu rose fluo les onze îles de Biscayne Bay, à Miami, voici Christo à la fondation Maeght avec un colossal mastaba qui n’est pourtant qu’une miniature en regard de la plus grande sculpture du monde qu’il compte installer en plein désert à Abu Dhabi.Il nous le disait il y a trois ans: « Je veux fabriquer la Rolls Royce du baril » (voir ci-dessous article paru le 28 juillet 2013 dans « Nice-Matin). Ce projet titanesque naquit en 1973. Mais pour Christo et Jeanne-Claude, disparue il y a quelques années mais toujours associée aux grandes œuvres du couple, il a toujours fallu des décennies pour aboutir à des réalisations hors normes.

Christo - FM - 14.jpgMais ce mastaba, c’est vraiment le projet de toute une vie et, contrairement aux autres œuvres dont l’essence est le sentiment de l’éphémère, cette sculpture qui sera haute de 150 mètres vise l’éternité.

« Chaque projet a son histoire et mûrit durant de longues années alors qu’il est interdit. En cinquante ans, vingt-deux ont été réalisés mais certains ont été refusés. Moi, j’adore l’espace physiquement. J’éprouve un plaisir viscéral à vivre le vrai froid, le vrai chaud, la pluie. Je n’ai ni voiture, ni téléphone, ni ordinateur, ni… assistants. Je déteste les idées représentées car je veux des actes et je fais tout moi-même. Tous les dessins sont de ma main, même les encadrements ».

Le mastaba de la Fondation surprend, dérange, décoiffe. Lorsque j’ai pénétré en ce lieu magique j’ai éprouvé un sentiment étrange. Du bleu, du rouge, de l’orangé agressif dans cette cour où l’on a si souvent côtoyé les silhouettes tiges de Giacometti. Ces êtres beckettiens de bronze et d’angoisse pétrifiés, ces hommes en marche pourtant vers une espèce de no man’s land. Les barils sont reçus comme un coup de poing. Et pourtant…  Il faut simplement une acclimatation comme lorsqu’on gagne précisément le désert nu pour réaliser qu’il s’agit d’une chance. Voir la Fondation, ses salles, ses pins, son labyrinthe, son horizon d’une façon neuve. Dans la parfaite ligne d’Aimé et Marguerite Maeght, aujourd’hui relayés par Adrien Maeght et Olivier Kaeppelin. Car rien n’est figé ici. Tout est en devenir. L’élan vital de la création épouse le chant des cigales. Toujours le même et toujours différent.

IMG_2183.JPG

Christo et Jeanne Claude. Jusqu’au 27 novembre. Fondation Maeght. 623 chemin des Gardettes. Saint-Paul de Vence. www;fondation-maeght.com

CHRISTO 28 JUILLET 2013

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