Le mythe est immuable, inscrit dans l’inconscient collectif, intact. Pour rendre « Don Giovanni » spectaculaire au meilleur sens du terme, pour insuffler la vie à tout instant dans cet opéra délicat, peu lyrique en dépit de la sublime musique de Mozart et des voix superbes qui l’interprètent, il fallait une idée. Daniel Benoin a imaginé un plateau constitué d’un lit immense, immaculé, où les draps se souviennent des ébats amoureux effrénés de l’antihéros mais se muent également en linceul à l’heure du trépas.
L’étoffe ondule d’ailleurs par moments sous l’effet de lasers et la vidéo rehausse le propos. On retiendra cette scène durant laquelle les portraits de Don Giovanni emplissent l’espace, se resserrent pour constituer une véritable prison dans laquelle s’étiole la jeune fille perdue par sa passion. Le visuel vient ici soutenir les émotions et suit note après note la partition de cet opéra chef d’œuvre.
La distribution internationale est composée de chanteurs russes, italiens, géorgiens et la direction musicale est confiée à György G. Ràth, directeur du philarmonique de Nice. Voilà un « Don Giovanni » lumineux, errant dans les ténèbres de son âme tourmentée, perdu par une fuite en avant qui, voulant abolir la mort, la provoque par anticipation. Une nouvelle version à découvrir vite. Il ne reste qu’une représentation dimanche 10 février!
Dernière représentation dimanche 10 février à 15h30. Anthéa. 260, av. Jules Grec, Antibes. Tel. 04.83.76.13.00