Jan Fabre à la Fondation Maeght, le cerveau devant soi

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Certains lieux agissent par magie. J’ai conscience de me répéter mais j’assume pleinement cet attachement artistique et affectif. La fondation Maeght n’est pas un musée (Malraux le dit d’emblée lors de son ouverture). Elle a une autre identité, une identité plurielle et ouverte et restera toujours cet espace privilégié où la nature déploie sa lumière pour éclairer l’œuvre des homme, des architectes, des poètes, des artistes.

Ce prologue pour justifier une volte-face. Jan Fabre m’a souvent agacée. Peu sensible à ses orgies d’or célébrant le baroque d’un autre âge, lassée par des provocations revêtant les atours du surréalisme pour en justifier les excès, j’allais à reculons vers une exposition qui pourtant m’a éblouie. Jan Fabre a installé dans la cour Giacometti des marbres de Carrare qui se mirent dans un parterre doré. Une Pieta revisitée dit la finitude humaine hors de tout propos religieux et le cerveau, cet organe du désir, du plaisir, de la folie et de la découverte, prendre possession des jardins et des salles.

Jusqu’à devenir ce rocher que trois tortues essaient en vain de pousser. Le mythe de Sisyphe appliqué à la plasticité neuronale qui, elle-même, renvoie sans doute aux arts plastiques et aux affres de la création sans cesse mise en doute et poursuivie avec acharnement.

IMG_5511.jpg« Ma nation l’imagination » nous dit jan Fabre. Sans imagination rien n’est possible. « Sans imagination, pas d’érection » se plaît-il à souligner. La survie même de l’espèce dépend du cerveau, cet organe encore mystérieux en dépit de toutes les découvertes scientifiques évoquées non sans humour dans cette exposition. On ne peut l’attraper et il mue sans crier gare. C’est peut-être pour cette raison que le papillon lui est associé comme le scarabée est lié à l’estomac chez l’artiste flamand.

 

Une mise en scène très étudiée présente le cerveau, lieu de tous les possibles, contrée    dépourvue de frontières, flèche tournée vers l’infini. C’est dans ses replis que Jan Fabre traque la beauté et lorsqu’une croix le domine il faut y voir un arbre de vie. La signalétique n’a ici rien de religieux à moins de caresser les dieux païens. On croyait le cœur siège de l’âme. On sait aujourd’hui que la matière grise elle seule colore les émotions. Le cerveau, vedette incontestée de cette exposition magistrale, épouse les contours de la Fondation. Et l’opalescence du marbre auréolée par le vert des pins ouvre en effet toutes les vannes pour qu’une imagination débridée s’empare de l’esprit des lieux.

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Jusqu’au 11 novembre.  Jan Fabre « Ma nation l’imagination ». Fondation Maeght. 623 chemin des Gardettes. Saint-Paul. Tel. 04.93.32.81.63

 

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