Complexe, intellectuel, inventif et profond. L’art vérité suit forcément les élans du cœur et de l’esprit du plasticien. Chez Gérald Thupinier qui (s’) expose à la galerie Christian Depardieu la peinture ne se livre qu’avec parcimonie, à son image. Et, comme il le dit, « chaque œuvre appartient à celui qui la regarde ».
Or ses compositions en noir et blanc, bâties sur un mot suggéré, malmené, vaguement présent, un peu effacé, nous interrogent, nous captivent, nous secouent. « Pesanteur », le vocable choisi renvoie à l’attraction que produit précisément ici la peinture sur le visiteur. Non sans une certaine gravité bien que la légèreté omniprésente sous les traits de l’humour permette d’emprunter des chemins de traverse pour explorer cette peinture à la fois gestuelle et intellectuelle.
Et l’on découvre « saxifrage », cette petite plante appelée casse-pierre car elle se faufile entre les roches mais aussi « désespoir du peintre » car elle se défile, joue la discrétion jusqu’à l’effacement. Chez Thupinier le signifiant s’étend, se mêle à l’acrylique tandis que des larves de mouche s’immiscent dans les coulées de peinture. Traces, interventions fortuites du réel dans un discours singulier. D’ailleurs cette exposition s’inscrit bien dans l’histoire de l’humanité et de l’art. Elle dit son nom « …. avant que le cerveau ne soit conscient du grain de poussière dans le vent ». Oui, avant, bien avant, il faut s’aventurer sur les chemins de Gérald Thupinier qui poursuit sa quête de vérité loin des modes. Pour élargir la conscience des choses et ouvrir le champ des possibles.
Gérald Thupinier. « … avant que le cerveau ne soit conscient du grain de poussière dans le vent ». Jusqu’au 30 avril. Galerie Depardieu. 6 rue du docteur Guidoni. Nice. http://www.galerie-depardieu.com