Deux jours d’angoisse à ne pas bouger de la télé avec, en continu, les récits dramatiques d’une nuit d’horreur. Juste un petit saut au Monument aux morts pour une minute de recueillement et d’hommage aux victimes. Et puis, ce programme du festival du film sur la Résistance à Nice, une manifestation précieuse, indispensable même, pour entretenir la mémoire vive. Je tombe sur l’annonce d’une projection au Mercury « A la vie » de Jean-Jacques Zilbermann.
C’est l’histoire de trois jeunes femmes rescapées d’Auschwitz, mortes, oui l’on pourrait dire mortes déjà, à cause des sévices subis par le corps et par l’âme. Pourtant elles se retrouvent, respirent l’air de la Manche, s’étendent sur le sable, pleurent, se réconfortent, vacillent et finalement célèbrent la vie dans ses petits moments de joie, dans ses grandes illusions, dans ses chagrins et dans ses disputes. Et lorsqu’elles trinquent elles ne disent par « Santé » mais « A la vie » à la mode hébraïque.
Le hasard d’une programmation élaborée bien avant la tragédie parisienne a permis de placer une rustine sur les cœurs. De comprendre qu’il s’agit avant tout d’une guerre entre pulsion de vie et pulsion de mort. Que les barbares des ténèbres exècrent plus que tout Paris avec ses bistrots, ses « bobos », ses musiciens, ses comédiens, ses poètes et ses chansonniers. Son charme, ses plaisirs, sa capacité d’invention. Alors ils répandent la mort pour anéantir l’instinct de vie. Mais c’est peine perdue. Paris vibre, vit et vivra. Déjà les terrasses, les théâtres, les salles de concert… Bien sûr cette petite résistance là n’a pas l’héroïsme de la Résistance qui dans les pires moments de l’histoire parvint à vaincre le mal absolu. Mais elle peut s’en inspirer et surtout se souvenir. Le festival du film contribue grandement à ce devoir de mémoire et nous éclaire, hélas, sur notre présent.
Et, à la sortie du Mercury, quelques personnes étaient encore là, sur la place Garibaldi, pour rendre hommages aux victimes des attentats de Paris. Quelques fleurs, des bougies et un énorme chagrin.
Bon ben on va courir voir ce film. Et ce sera certainement bien salutaire (contrairement au Fils de Saul dont on peut discuter l’intérêt)
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Oui, dans l’histoire d’une éternité qui se continue, les actes de résistance – tout comme les mouvements orchestrés sous la Résistance – sont le caractère du devoir constant et spontané d’une humanité digne de ce nom quand ceux-là sont consécutifs à une atteinte au corps et au cœur de celle-ci. Encore et encore, l’homme libre trouvera, n’en doutons pas, la volonté et la capacité nécessaires pour tuer le ver monstrueux dans le fruit de la fraternité mondiale.
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