Au gré de ses pas, de ses envies, de ses intuitions et du ouï-dire… La biennale de Venise ne se visite pas, elle se déguste peu à peu, au fil de l’eau, avec des vagues qui transportent ou refroidissent, c’est selon, avec de grands élans, des interrogations, des doutes et des regrets. Ceux d’avoir peut-être manqué quelque chose de passionnant car, évidemment, on ne peut pas tout regarder avec attention. Des palais oubliés s’ouvrent pour l’occasion; des églises trahissent le baroque pour le minimalisme; des espaces deviennent cimaises. La création vivante se glisse partout, prend le patrimoine en otage. Parfois pour le meilleur comme ci-dessus avec ces mains blanches qui s’emparent de façades surannées, joli symbole…
On ne va pas ici commettre un article de fond ni tenter un inventaire forcément voué à l’échec. Seuls quelques (bons) souvenirs vont éclater en images. Sans aucune prétention autre que celle de montrer des éclats de création vivante tout en laissant deviner que dans cette orgie de vibrations on peut, à chaque instant, passer du frisson de bonheur au tremblement d’exaspération. A propos, dirais-je, Damien Hirst est partout.
Au Palazzo Grassi d’abord où son ogre géant a dévoré l’espace comme à la pointe de la Douane où ses faux trésors surgis des fonds marins donnent, on doit le reconnaître, une nouvelle allure à ces galeries somptueuses que lui offre sur un plateau François Pinault. Alors évidemment ça fait le buzz, comme on dit. Est-ce grâce aux artisans merveilleux qui ont exécuté avec le plus grand soin les projets pharaoniques taillés dans le bronze ou le marbre ? Est-ce l’avalanche d’or et de vermeil qui enflamme les esprits fragiles? Est-ce l’idée, plutôt nouvelle, il faut l’avouer? Le gigantisme? le poids en dollars? L’effet de mode? A chacun sa vérité. Voici quelques images:
L’intuition, Dieu que c’est bon! Palazzo Fortuny
Bouffée d’oxygène au Palazzo Fortuny avec une exposition qui en appelle à la fraîcheur d’âme, voire à une centaine candeur. Ici l’intuition doit remplacer la réflexion ou les déductions savantes. C’est ainsi que Marina Abramovic utilise des cristaux de quartz pour nous inviter à nous ressourcer, à entrer dans notre être intime pour mieux tisser des liens avec les artistes.
Le lien est d’ailleurs une thématique sous-jacente dans cette 57e Biennale. L’écriture y est célébrée, la photographie et la musique aussi. On perçoit une certaine nostalgie en un siècle où le virtuel chasse l’authenticité des relations. Ce qui est vrai pour tout un chacun l’est également pour cette proximité élective qui existe entre artistes et collectionneurs ou simples amateurs. Il faut bien que se passe quelque chose, « quelque part dans l’inachevé » aurait dit Jankelevitch, pour que de spectateur l’on devienne complice voire amoureux. Sans ce « je ne sais quoi » l’art n’est effectivement que business.
Galerie de photos
Et, à présent, quelques images sans explication. Pour vous donner envie d’aller découvrir.