Je le savais, la Fondation, une fois de plus, allait balayer les idées grises, la foultitude des « A quoi bon? » , les peurs et les doutes. Car en ce lieu où nous sommes nombreux à avoir grandi du côté de l’esprit et de l’émotion se passe toujours quelque chose d’impalpable et d’unique. Hier soir « L’art et l’être » ont été déclinés avec les mots du philosophe Henri Maldiney. Des mots superbement égrenés par les comédiens de l’ERAC, dirigés par Frédéric Grosche, qui ont déambulé dans le labyrinthe Miro, dans les salles et jardins et mis en lumière par leur présence ces mots du penseur: « Si le sens prend corps dans la parole, il se fait chair dans la voix ».
La soirée s’est ouverte sur les propos de Malraux soulignant lors de son inauguration le caractère inventif, à part, hors des chemins, de cette Fondation qui est beaucoup plus qu’un musée. Puis, avec en fond de tableau la gigantesque construction de Christo qui exposera dès le mois prochain son « Mastaba », les phrases du penseur de l’art et de l’être nous ont promenés parmi les œuvres.
« Une œuvre d’art n’est pas un objet, elle existe. Son existence ne consiste pas à se mettre en vue mais à donner à voir et à être. L’art n’est pas un objet de représentation. Il est une forme de présence ». Et cette présence initie une autre façon d’être au monde, donne des clés pour fuir l’abject. Comme l’a dit Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation « L’art est, aujourd’hui, absolument nécessaire. A la peur des catastrophes, de l’arrêt de mort, l’Art, sous toutes ses formes, répond par l’échappée, par le mouvement, une forme de vie et de plaisir ».
Cette soirée organisée par la Société des amis de la fondation, à l’initiative d’Aurore Busser, grande amie des arts et des lettres, a permis d’entendre le merveilleux violoniste Daniel Lagarde. Des partitions de Jean-Sébastien Bach. Le cristal des notes dans l’atmosphère crépusculaire d’un parc boisé et inspiré. Le point d’orgue d’une soirée lumineuse.