La condition humaine ne dépend pas de l’époque. Aujourd’hui n’est qu’une brèche ouverte et souvent béante dans le temps des mortels. Phèdre s’impose comme un mythe fondateur de la terrifiante impuissance à s’extraire du tragique. A cet égard la mise en scène de Georges Lavaudant qui présente à Anthéa, à Antibes, la pièce de Sénèque, tient du prodige. Brûlante métaphore de notre incapacité à gouverner les passions et à prendre contrôle sur le monde.
Fallait-il une pandémie pour nous rappeler que jamais la foudre jupiterienne n’obéit aux diktats de la politique, de l’économie ou d’une quelconque gouvernance? Le réel n’est qu’un pâle reflet d’une autre réalité qui loge dans les forêts ou dans les forces obscures de l’inconscient. Georges Lavaudant a su, en orfèvre avisé, entrelacer les maillons d’une chaîne imbrisable. Un plateau glacial de précision scénique, des lumières qui sculptent les corps et révèlent les âmes, aveuglantes de vérité. Nul n’est besoin de recourir à des artifices pour dire l’universel. La lecture du texte de Sénèque, traduit au scalpel par Frédéric Boyer, échappe aux vaines tentatives d’actualisation trop souvent de mise aujourd’hui. Alors certes il y a bien un écran en fond de tableau mais seuls apparaissent par moments quelques mots qui semblent tatoués dans le marbre. L’image se concentre sur le corps des protagonistes (cinq comédiens en parfaite harmonie). Les corps évoquent les statues antiques d’un panthéon intemporel.
Cette création, brute et pure comme un diamant, restera dans ma mémoire. J’ai vu des centaines de spectacles. Une petite vingtaine continuent à cheminer en moi, ne quittent pas mon esprit. Parmi eux, le « Festen » de Daniel Besoin que je félicite d’avoir accueilli à Antibes cette lecture magistrale du « Phèdre » de Sénèque, moins souvent à l’affiche que la pièce de Racine.
Parmi les visites insolites, les expériences multiples et les découvertes inattendues qu’offre la ville de Gênes il en est une qui transporte dans les limbes. Cinq minutes marquantes dans une vie. Un tête à tête avec un chef d’œuvre signé Van Gogh. On pénètre seul, à pas de loup, dans la chapelle du Palais ducal. Un écrin de choix, parfaitement décalé, permettant de se recueillir en songeant à la vie douloureuse et mouvementée de ce peintre considéré aujourd’hui comme l’artiste le plus aimé au monde.
Ce face à face offre un moment béni, hors du temps et loin du tumulte urbain, dans une sorte d’introspection. On mesure la souffrance du peintre lorsqu’il réalisa ce tableau. Interné à l’asile de Saint-Paul-de-Mausole il voyait à travers les barreaux de sa cellule un champ de blé aux reflets changeants selon les saisons et la course du soleil. Il plongea avec avidité dans cette vision colorée devenue par son génie le « paysage aux gerbes à la lune montante » peint en 1889 et faisant partie des collections du musée Kroller-.Muller d’Otterlo, aux Pays-Bas.
L’an dernier, pour ce premier « face à face » génois les visiteurs avaient pu admirer des nymphéas de Monet. Une façon de mettre en scène un chef d’œuvre en gommant tous les atours pouvant nuire à la contemplation. Une relation unique, intime avec une toile. Un peu comme si, pendant quelques instants bénis, on se l’appropriait.
En découvrant le nouvel accrochage des peintures de Zao Wou-Ki au Musée d’Art Moderne de Paris me reviennent à l’esprit les vers du poète ivre d’azur et d’absolu, Stéphane Mallarmé , qui confia vouloir
« Imiter le Chinois au cœur limpide et fin
De qui l’extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D’une bizarre fleur qui parfume sa vie ».
Cette fleur , on la devine notamment sur les trois vases.exposés ici provenant de la dernière donation de François Marquet-Zao, veuve de l’artiste. En effet, le MAM présente, dans le parcours de sa collection permanente, un ensemble remarquable d’œuvres de Zao Wou-Ki réunissant les deux prestigieuses donations faites au musée en 2018 et en 2022.
On peut ainsi découvrir un ensemble de onze peintures, quatre encres, quatre estampes et sept vases permettant de mesurer combien cet artiste né à Pékin en 1920 et arrivé à Paris en 1948 a su tracer un sillon singulier entre abstraction occidentale et tradition picturale chinoise. Hommage à la lumière, au mouvement et au silence dans un lyrisme contenu qui va droit au cœur.
« Ce qui est abstrait pour vous est réel pour moi » disait Zao Wou-Ki. En fait le peintre nous fait plonger dans son univers à la croisée de deux mondes. Un art visant l’essentiel, en quête d’universalité.
Les dernières années. Ces années moquées par certains, considérées comme une décadence voire une descente aux enfers… Ces années marquant le début de la fin ont en fait été une période foisonnante, pétillante d’invention et d’audace, ivre de liberté . Picasso a tout osé, tout tenté et magnifiquement réussi ce final en apothéose. En fait la fin du début à prendre sans doute au sens de finalité.
Le musée Picasso d’Antibes, musée où l’artiste oeuvra des années durant, a choisi de donner à voir quelques unes de ces œuvres magistrales réalisées par Picasso de 1969 à 1972.
Cet événement s’inscrit dans le cadre des nombreuses manifestations marquant le cinquantième anniversaire de la disparition du Maître..
Picasso avait coutume de dire que « La jeunesse n’a pas d’âge ». Cette exposition en fait l’éclatante démonstration. Comme l’écrit Jean-Louis Andral, directeur du Musée, « A quatre-vingt-dix ans l’artiste réaffirme que la peinture est d’abord une affaire de désir et… c’est à une fête joyeuse qu’il nous invite ».
Fête de l’imagination, de l’amour, des couleurs, des lignes toujours renouvelées, de tous les possibles. Picasso c’est d’abord, et jusqu’au dernier soupir, cette façon unique d’aborder le réel pour le dépasser, ouvrir de nouveaux horizons et lancer des flèches vers le futur. Il faut d’urgence découvrir ce nouvel accrochage permettant d’admirer des chefs d’œuvre issus de nombreux prêts et rarement exposés.
« Picasso. La fin du début ». Musée Picasso. Place Mariejol. Antibes. Jusqu’au 2 juillet.
J’ai eu une chance inouïe. J’ai découvert cette exposition en compagnie de David Nahmad, le plus important collectionneur privé de Picasso, qui a prêté quatre peintures pour l’événement. Ici devant l’une d’elles, ma préférée: « Mardi Gras »
Notre époque en grands formats. Le monde tel qu’il va, tel qu’il doit être, tel qu’on le construit ou tel qu’on le pressent. Pour la première fois en Europe on peut admirer les oeuvres d’ Amy Sherald, l’une des artistes portraitistes les plus célèbres des Etats-Unis dont la carrière a été marquée par le portrait de Michelle Obama réalisé en 2018. La première dame des Etats-Unis dans une robe aux lignes géométriques évoquant Mondrian, belle et rassurante dans une pose non académique. Le tableau n’est pas seulement beau. Il s’inscrit dans le contexte social et politique.
C’est ainsi que s’impose l’art d’Amy Sherald dont un ensemble de travaux d’une pureté et d’une puissance rares sont accrochés aux cimaises immaculées de la superbe galerie Hauser & Wirth dans le carré d’or de Monte-Carlo. Des œuvres qui sont empruntées à de grands musées comme cette image d’un garçon prêt à s’élancer sur un toboggan. Il regarde au loin, confiant, sûr de lui, prêt pour l’avenir.
La communauté afro américaine est omniprésente dans ces portraits qui s’imposent comme de véritables paysages évoquant les vastes espaces d’une réflexion sur le thème « The World We Make ». Des visages qu’on a l’impression de toucher du regard tant leur présence est forte. Des portraits dont émanent de nombreuses références à l’histoire de l’art. On songe à une photographie qui fit le tour du monde en 1945 lors de la victoire contre les nazis. Ce célèbre baiser pris sur le vif par le photographe Alfred Eisenstaedt au milieu de la foule de Times Square à New York devient chez Amy Sherald peinture d’un couple homosexuel qui se détache dans un bleu céleste d’une facture hyperréaliste. Une façon de replacer dans l’époque une image iconique et de clamer le droit d’aimer pour tous.
Devant chaque peinture se ressent un appel à voir autrement. Le corps ne sont pas noirs. Ils affichent des nuances de gris douces et lumineuses. Les yeux semblent vides et pourtant nous fixent avec une intensité foudroyante. Car le monde que l’on construit exige d’abord et souvent un déplacement du regard.
Amy Sherald. The World We Make. Hauser & Wirth Monaco. One Monte-Carlo. 1 place du Casino. Monaco. Jusqu’au 15 avril
Je savais que Cabu avait du talent. J’ai découvert son génie. Le vrai génie, celui qui naît dans les tripes, au plus profond de soi, qui irradie le corps entier et monte jusqu’à l’âme. Pour la première fois sont exposées, au Mémorial de la Shoah à Paris, les planches réalisées par le dessinateur selon les documents et témoignages permettant de reconstituer la tragédie du Vel d’Hiv. Il y a 80 ans la police française sous les ordres de Pétain arrêtait hommes, femmes, enfants, vieillards pour les parquer au vélodrome d’hiver avant de les livrer aux nazis. Une abomination « irréparable » selon les mots du président Chirac qui fut le premier à demander pardon au nom de la Nation, en 1995.
Des années auparavant, en 1967, un livre choc signé Lévy et Tillard avait retracé le déroulement de cette rafle et Cabu, découvrant horrifié cette histoire française, avait été sollicité pour illustrer certains passages. Je ne trouve pas d’adjectifs pour décrire ses dessins . De toute beauté bien-sûr, d’une minutie extrême bien-sûr, jouant merveilleusement sur le clair obscur… Mais il n’y a pas que cela. Chaque trait redonne un visage, oserais-je dire une identité, à chaque victime. C’est une œuvre de Mémoire.
Une œuvre magnifique, irremplaçable, que l’on découvre grâce à son épouse Véronique Chabut. On le sait, le dessinateur a lui aussi été victime de la barbarie. Il disparut lors de l’attentat djihadiste du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo. Eh bien, Monsieur Cabu, je vous le dis, ces dessins qui marqueront l’histoire et qui nous touchent tout en nous émerveillant par leur force et leur justesse , vous rendent proprement immortel.
Jusqu’au 7 novembre. Mémorial de la Shoah. 17 rue Geoffroy-l’Asnier. Paris
Une sorte de comédie inhumaine. Je connais Quentin Spohn dont les fresques au « Dojo » puis dans la galerie « Espace à vendre » m’avaient scotchée sur place. Ce jeune artiste issu de la villa Arson impressionne et fascine par son talent de dessinateur, sa méticulosité et sa frénésie du détail. Il franchit aujourd’hui une autre étape en exposant au Narcissio à Nice, un lieu culturel qui mérite vraiment le détour, une accumulation de personnages quasi monstrueux, souvent burlesques, toujours inquiétants. Comment ce jeune homme au visage lisse et engageant peut-il avoir cette fourmilière parasite dans la tête? Où trouve-t-il l’énergie pour accomplir un tel travail? Comment peut-il ainsi traquer le moindre trait sur des visages tous semblables et tous différents? L’œuvre interroge à tous points de vue. Politique certes mais aussi psychanalytique.
« La preuve du pire, c’est la foule ». Sénèque avait vu juste. Et cette preuve prend ici les allures d’un groupe débridé, fellinien par endroits, grimaçant et armé. On le devine ce groupe pétri de certitudes, gras de bêtise, galvanisé par quelque hâbleur frustré et ivre de pouvoir. Quentin Spohn avait commencé ce projet à la suite des élections américaines de 2016. La crise sanitaire a étiré le temps et la caricature de la présidence Trump s’est peu à peu enrichie de la montée d’autres populismes dans le monde. « Tracts, salves, flammes entre fiel et terre », une installation qui grâce aux jeux lumineux imaginés par Matthieu, le frère de l’artiste, devient théâtre de l’absurde. Plus le visiteur élève la voix, plus le rouge clignote. On devine les bains de sang que les ténors de la haine peuvent engendrer.
Si cette œuvre ne laisse évidemment pas indifférent, j’avoue avoir été encore davantage bouleversée par le personnage quasi beckettien qui s’accroche à un roc que l’on devine glissant et semble regarder tout cela avec l’indifférence douloureuse qu’impose la conscience de la finitude humaine.
Les masques exposés dans une petite salle au fond du « Narcissio » sont également saisissants. Décidément nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec cet artiste qui pourfend la mode du minimalisme en suivant simplement son processus créatif. Une nécessité et une sincérité. Un seul mot s’impose. Bravo.
Jusqu’au 29 janvier 2022. Le Narcissio. Association Del’Art. 16 rue Parmentier. Nice. Tel 04 93 84 81 30
« Dis maman, ça c’est pas de l’art? ». La réflexion d’un bambin qui faisait ses premiers pas sur les chemins de la création vivante à la Bourse du commerce de Paris, merveilleusement rénovée pour devenir le nouvel écrin de la collection Pinault, avait de quoi interpeller. Cet enfant était-il extralucide ou simplement ennuyé par cette visite un peu difficile pour lui? L’histoire ne ne dit pas mais je ne résiste pas au désir de la noter. Ne serait-ce que parce qu’elle colle parfaitement avec les objectifs de ce lieu qui désire ouvrir l’art contemporain au grand public, mieux à tous les publics. Et ce n’est pas une mince affaire.
Pour ma part, ayant une grande habitude de la chose et possédant me semble-t-il les outils pour pouvoir m’aventurer dans les méandres de la création la plus déroutante qui soit, j’ai pourtant dû retourner une seconde fois et avoir recours à de jeunes médiateurs fort judicieusement présents dans les salles afin d’éclairer les visiteurs. En effet, après avoir vu avec effroi un chat empaillé, qui ressemblait à s’y méprendre à celui de ma fille quitté quelques instants plus tôt, trôner sur un tambour, je ne savais plus trop quoi penser des choix inspirés du milliardaire anticonformiste amoureux de l’art contemporain et ayant choisi un vocable merveilleux pour sa première exposition: « Ouverture » … Je vis les choses différemment lorsque j’appris que David Hammons (dont on découvre ici un ensemble unique de créations surprenantes) avait en fait empaillé plusieurs chats afin de ses référer aux « cats », les premiers musiciens de jazz. En effet cet artiste installé à Harlem s’impose comme une voix militante de la communauté africaine-américaine. Certaines œuvres ont d’ailleurs d’emblée un impact certain sur les visiteurs.
Comme le regard ironique qu’il pose parfois sur l’art reconnu (ci-dessus une parcelle de toile abstraite américaine recouverte de plastique troué afin de la faire descendre d’un piédestal marqué par l’emprise d’une classe qui frise l’entre-soi). Le discours est donc intéressant, mieux rafraîchissant pour l’esprit. Seulement voilà: l’art est-il discours? Vaste question à aborder à la lumière des propos de Jean-Jacques Aillagon, directeur des collections Pinault, qui souligne judicieusement dans une interview l’importance de l’émotion.
Oui, l’émotion, qu’elle soit esthétique, sentimentale, intellectuelle, rageuse ou sereine, ne peut être gommée quelque soit l’intelligence des installations muséales. A force d’expliquer l’art on aurait tendance à l’oublier.
Mais revenons à cet édifice que l’architecte génial Tadao Andō a transformé en réalisant une coursive intérieure de 91 mètres de long et culminant à 9 mètres de hauteur afin d’observer les œuvres. Sans perdre sa prestance ce monument historique qui présida jadis aux commerce des marchandises est devenu un temple de l’art en devenir. En son centre et spécialement conçue pour la ronde, une installation saisissante du plasticien Urs Fischer. Réplique exacte de « L’enlèvement des Sabines » de Giambologna, chef d’œuvre de la statuaire maniériste, la sculpture semble marbre alors qu’elle n’est que cire. Comme tous les éléments de cette composition, la statue doit se consumer, fondre au fil du temps, gagnée par le hasard et l’entropie. Pied de nez à la volonté de fixer, de maîtriser, de gouverner les décors, voire le réel.
D’une autre façon, tout aussi réussie et captivante, Pierre Huyghe a installé dans un studio du 2e étage un système auto-génératif pour son et lumière sensible à la température, à l’humidité et aux mouvements des visiteurs enregistrés à l’aide de capteurs. Une œuvre capable de générer un monde qui varie dans le temps et l’espace sur le rythme d’une courte pièce sonore signée Erik Satie. Une véritable aventure qui en annonce bien d’autres en ce lieu que nul visionnaire n’aurait pu imaginer.
Chaque époque eut ses précurseurs, des galeristes avisés qui dénichent des pépites parfois masquées par la réussite fulgurante de certains ou par la mode. Ce fut le cas de Paul Durand-Ruel célèbre pour s’être illustré en tant que « marchand des impressionnistes » mais qui défendit également cinq peintres de la génération post-impressionniste moins connus malgré un talent indéniable. Une exposition de haute tenue répare cette injustice dans les salles de la propriété Caillebotte, à Yerres. Deux commissaires historiens d’art, Claire Durand-Ruel et Jacques-Sylvain Klein ont effectué un travail minutieux pour donner un nouvel éclairage sur cette période flamboyante.
On découvre les paysages tourmentés de Maxime Maufra dont Paul Durand-Ruel acquit pas moins de neuf cents toiles, les compositions scéniques de Georges d’Espagnat dont la palette flirte avec les couleurs incandescentes des Fauves, les tableaux délicats et aériens de Gustave Loiseau, les peintures puissantes d’Albert André, les roches baignés d’écume d’Henry Moret…
Cinq artistes captivants grâce à leurs art singulier tranchant sur le grand élan impressionniste par une façon très personnelle de concevoir la peinture à venir. Tout ceci dans l’écrin superbe de la propriété Caillebotte qui reçoit régulièrement des existions de grand intérêt..
Célébrer avec des mots le « gothique blanc » de Petrina Hicks butte sur la réduction linguistique. Difficile de traduire l’immaculée vision de ces femmes diaphanes et fantomatiques qui semblent perdre leur singularité au profit d’images emblématiques, universelles, quasi religieuses. L’écoute attentive de la respiration du modèle guide l’artiste dans l’élaboration de portraits qui vont bien au-delà des traits ou de l’expression. Ici tout est affaire de psychologie, d’intériorité et d’universalisme. La jeune femme prête en quelque sorte son visage à l’artiste pour une exploration intime de son être. Des images aussi pures et givrantes qu’un diamant avec, en filigrane, « l’insoutenable légèreté de l’être » empruntée à Milan Kundera. Magnifique et novateur.
L’exposition de ces immenses photographies installée par la National Gallery of Victoria à l’ambassade d’Australie, à Paris, s’inscrit dans la manifestation « Australia now » qui rend hommage à la créativité et aux capacités inventives de ce pays gigantesque. Durant une année dans différents lieux, en France, le public pourra découvrir les arts plastiques, le cinéma, la gastronomie, le spectacle vivant, l’innovation en matière d’environnement et d’industrie…
Autre regard profond et facétieux, celui d’Andrew Vukosav, passionné de photographie et d’aviation. Amoureux des étendues vierges de son pays, désireux d’alerter sur la fragilité d’une planète unique, il a équipé son avion d’un appareil numérique placé dans le fuselage et passe des heures à bord pour saisir les images correspondant au mieux à sa vision des choses. Le résultat, spectaculaire, semble peinture abstraite alors que les moindres détails concernant les formations rocheuses, la végétation ou les cours d’eau sont scrutés à la loupe. Photographies monumentales qui prennent dans leurs méandres le spectateur assuré de voyager ainsi vers l’essence même des ces terres australes lointaines et mystérieuses.