
Parmi les visites insolites, les expériences multiples et les découvertes inattendues qu’offre la ville de Gênes il en est une qui transporte dans les limbes. Cinq minutes marquantes dans une vie. Un tête à tête avec un chef d’œuvre signé Van Gogh. On pénètre seul, à pas de loup, dans la chapelle du Palais ducal. Un écrin de choix, parfaitement décalé, permettant de se recueillir en songeant à la vie douloureuse et mouvementée de ce peintre considéré aujourd’hui comme l’artiste le plus aimé au monde.
Ce face à face offre un moment béni, hors du temps et loin du tumulte urbain, dans une sorte d’introspection. On mesure la souffrance du peintre lorsqu’il réalisa ce tableau. Interné à l’asile de Saint-Paul-de-Mausole il voyait à travers les barreaux de sa cellule un champ de blé aux reflets changeants selon les saisons et la course du soleil. Il plongea avec avidité dans cette vision colorée devenue par son génie le « paysage aux gerbes à la lune montante » peint en 1889 et faisant partie des collections du musée Kroller-.Muller d’Otterlo, aux Pays-Bas.
L’an dernier, pour ce premier « face à face » génois les visiteurs avaient pu admirer des nymphéas de Monet. Une façon de mettre en scène un chef d’œuvre en gommant tous les atours pouvant nuire à la contemplation. Une relation unique, intime avec une toile. Un peu comme si, pendant quelques instants bénis, on se l’appropriait.
Jusqu’au 10 septembre. Palais ducal. Chapelle de Doges. Piazza Giacomoo Matteotti,9. GENOVA
