L’après-midi en quatre mouvements à la villa Arson

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Etrange paysage introductif aux codes des quatre plasticiens, signé Mathieu Mercier

« L’après-midi » marque un tournant, un entre-deux aussi, signe le milieu. C’est le titre de l’exposition qui rassemble à la villa Arson quatre artistes résidents chercheurs et qui s’inscrit dans le lancement d’un 3ème cycle d’études au sein de l’école niçoise reconnue dans le monde entier. En fait, quatre mouvements témoignant de la recherche, de l’expérience en atelier et aussi de la confrontation des points de vue. Car, il faut le savoir, les élèves de la Villa présentent d’abord leurs travaux dans une galerie interne où leurs collègues plasticiens débattent, critiquent, interrogent, voire rabrouent. Une bonne école, c’est le cas de le dire, pour faire l’apprentissage de l’autre, du visiteur, confronté à un discours parfois abscons et désireux, puisqu’amateur par définition, de trouver son intérêt.

Ce sera relativement aisé avec Ibai Hernandorena qui manie avec dextérité les paradoxes et effectue des rapprochements osés. Sa série de cartes postales représentant des échangeurs d’autoroutes, des paysages urbains évoquant la société moderne des loisirs est mise en regard avec les lignes verticales de Le Corbusier reprises en miniature. Les images imprimées par brûlure évoquent l’extrême fragilité bien que les proportions exactes des bâtiments de la Cité radieuses soient respectées. Installation prenante et non dénuée d’un certain charme comme sa vidéo « Le rêveur » réalisée dans le cabanon du Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin. Une clé inédite pour entrer dans le paysage et tisser des liens entre l’intérieur et l’extérieur.

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La vidéo tient une grande place dans cette exposition. On la retrouve dans le « Pavillon nocturne » de Julien Dubuisson qui, lui aussi, capte l’attention et suscite la curiosité. Dix-huit fragments sculptés pour une collection sur une étagère et, en fond de tableau, l’image d’une jeune fille qui construit patiemment, compose et déstructure. A mi-chemin entre fiction et pratique artistique, une installation qui interpelle.

Lidwine Prolonge fait corps, pour sa part, avec ce qu’elle montre. L’émotion omniprésente dans son interprétation des faits divers et l’appropriation des séquences retenues procèdent par contagion. Emouvante reprise de l’accident qui coûta la vie à Françoise Dorléac. Lidwine s’est rendue à l’aéroport, a acheté un billet au nom de la comédienne et a revécu le dernier appel émis avant le décollage alors que Françoise Dorléac venait de se tuer en voiture en essayant d’attraper son avion. Mais alors, où loge la création plastique? Coupures de presse présentées dans une vitrine et « dernier appel » en continu au-dessus de l’installation. Cela suffit pour que le ressenti y soit.

Il m’est plus difficile d’entrer dans l’univers de Jean-Charles de Quillacq qui manie fort bien le verbe pour exprimer ses idées et ses démons mais dont les installations me laissent de marbre. Discours sur la famille, sur les liens difficiles, voire incestueux, sur le temps qui passe et la théorie du genre… Certes les arguments ne manquent pas pour expliquer ses installations et tisser des liens entre les différentes œuvres mais les mots suffisent-ils à masquer l’incohérence du propos plastique? La psychanalyse trébuche en voulant entrer au musée.

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Jusqu’au 28 décembre. Tous les jours sauf mardi de 14 à 18 heures. http://www.villa-arson.org

Une réflexion sur “L’après-midi en quatre mouvements à la villa Arson

  1. Nicole je choisis ce texte que je trouve très bien vu pour te dire que je trouve ton blolg passionnant, très informatif, très lisible, en un mot, on reconnait là l’excellente la journaliste qui manque cruellement à Nice-Matin ou en tout cas à ses lecteurs… Bravo, admiration et amitié!

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